Du manuscrit exposé au spectacle d’écriture : codicologie contemporaine et philologie expérimentale

Claire Bustarret, Charlotte Ragazzoli et Thibault Corrion

Le département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France conserve le papyrus Prisse, présenté au xixe siècle comme « le plus ancien livre du monde ». Cet objet graphique, recueillant des textes de sagesse et datant du début du deuxième millénaire avant notre ère, se déploie sur un rouleau long de 7 mètres. Quelle expérience donner au public contemporain de cet objet, dont on pose l’hypothèse que le texte était destiné à la performance ? Une première expérimentation physique et numérique menée dans l’espace d’exposition de la BnF invitait le visiteur à cheminer le long du papyrus comme pour mimer le voyage de la lecture. Plus saisissant, un pari de « philologie vivante » consista à établir le texte avec le comédien Thibaut Corrion et interpréter en public l’oeuvre ancienne de 4 000 ans, devant le manuscrit exposé. Le dispositif a révélé des intentions du texte invisibles à la simple lecture. Le numéro « Futurs de l’écriture » invite Chloé Ragazzoli, égyptologue, initiatrice de cette performance, le comédien Thibaut Corrion et Claire Bustarret, codicologue, qui a étudié la première exposition de manuscrits d’écrivains à Paris en 1937 en relation avec l’histoire de la photographie. La notion de « spectacle d’écriture », proposée par Chloé Ragazzoli, est au centre du dialogue.
Mots-clés : écriture exposée, spectacle d’écriture, exposition, épigraphie, philologie, manuscrits d’écrivains, photographie