Marilou Sarrut, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky
« Laisser traces en transit » est un projet ethnographique qui a pris place au sein d’un camp de migration de transit à la frontière entre le Panama et la Colombie, à la sortie de la traversée d’une jungle dont le passage est d’une extrême violence. Ce projet s’appuie sur un dispositif qui a eu pour ambition d’instaurer un espace de parole et d’écriture dans un lieu non hospitalier. L’objectif était de donner l’opportunité aux personnes de laisser traces de leur passage et de leur histoire. En six semaines, une cinquantaine de textes ont été récoltés dans dix-sept langues différentes aux alphabets variés.
Ce travail mené par Marilou Sarrut, doctorante en géographie et en anthropologie, est ici en dialogue avec celui de Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, anthropologue et psychologue clinicienne en psychotraumatologie auprès de demandeurs d’asile. Ce dialogue a pour objectif de faire parler ces textes, de comprendre ce qui est laissé au moment du transit par les personnes elles-mêmes là où l’expé¬rience traumatique de la traversée laisse surtout place à l’indicible et à l’impartageable. L’échange entre les deux chercheuses permettra d’appréhender à la fois le sujet de la violence et ce qu’elle effracte, mais aussi l’expression de celle-ci par ceux qui le vivent. Ce dialogue met ainsi en lumière les traces graphiques et la manière dont elles viennent révéler de manière inédite la violence de l’expérience migra-toire, tout en permettant une mise en narration de l’expérience traumatique, qui peut avoir fonction, dans certains cas, de témoignage.
Mots-clés : migration, traces, transit, traumatisme