Damien de Blic
Les migrations constituent un enjeu autour duquel s’inventent aujourd’hui de nouvelles façons d’écrire les sciences sociales. Les approches les plus classiques se sont vues concurrencées, depuis deux décennies, par des expérimentations méthodologiques, narratives et éditoriales, sous la forme d’auto-ethnographies de migrants, de fictions documentées ou de récits-essais marqués par un regard au plus près des itinéraires et du vécu des personnes. Ces travaux ont en commun le souci d’enrichir réciproquement les récits produits par les migrants eux-mêmes ou recueillis auprès d’eux d’un côté, et les formes de réflexivité, de généralisation et de critiques que favorisent les analyses propres aux sciences sociales de l’autre. Cet article vise à rendre compte de ces transformations. Il montre comment elles correspondent, d’une part, à un mouvement de fond dans les sciences sociales, sous l’effet notamment de la revendication de points de vue situés et aptes à restituer des expériences invisibilisées. Ces nouvelles écritures répondent, d’autre part, au besoin de singulariser le parcours des migrants de plus en plus soumis à des politiques déshumanisantes. Il conclut à l’importance pour les éditeurs universitaires d’ouvrir des espaces éditoriaux à ces nouveaux récits.
Mots-clés : migrations, frontières, récits, édition, sciences sociales