Franck Leibovici
A-t-on jamais lu des ensembles de mots-clés comme des textes – ou pire, comme de la littérature ? En réalité, des poètes ont fait ce pire il y a déjà fort longtemps : le poète américain Louis Zukofsky a ainsi travaillé l’index comme forme poétique. Aujourd’hui, loin de la poésie, les sténotypistes de la cour pénale internationale, qui juge les crimes de masse quand les États ne sont pas en mesure de les juger eux-mêmes, transcrivent en temps réel l’intégralité des témoignages des procès. La chambre peut ainsi s’appuyer sur ces verbatim pour travailler les dépositions des témoins, et le monde entier peut accéder aux matériaux de ces procès diffusés en ligne. Un procès produit environ 35 000 pages A4 de verbatim. Les outils de la poésie développés autour des mots-clés peuvent-ils contribuer à mieux appréhender cette masse documentale ?
Mots-clés : instructions – collectifs – écriture